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L'Eglise et moi



Je souhaiterais partager mes réflexions post-confinement puis plus généralement mon expérience avec l’Eglise depuis environ 5 ans et enfin les échos que j’ai reçus parfois.

Je pense qu’il faut que nous réfléchissions à une remise en question et à des propositions nouvelles.

Le constat : les gens désaffectionnent l’Eglise même si la spiritualité est un appel de plus en plus présent et nécessaire en cette période de crise. Question : répond-elle suffisamment aux problématiques de son temps ?

Par exemple, j’ai essuyé le refus du baptême de mes enfants il y a 5 ans. Ma sœur en avait fait la demande pour ses fils en bas âge ; demande, elle, qui a été acceptée. La réponse qui m’a été donnée était que mes fils étaient trop vieux et devaient débuter une préparation de 3 ans. Mon argument était lui d’abord d’ordre personnel en fonction de mes convictions : faire protéger mes fils par le Seigneur et leur ouvrir la voie de la foi, de l’espérance, de la mission... Et familiale. Leur père dont j’étais séparé n’avait pas accepté jusqu’alors de les faire baptiser, c’était donc l’occasion de le faire puisqu’il trouvait plus de sens à cet événement conjoint au projet des cousins de ses fils et c'était également la possibilité de vivre avec toute la famille un moment d’union (vous savez quelle difficulté cela peut parfois représenter…).


Je vous avouerai que je l’ai mal vécu. Comme je suis de nature compréhensive, j’ai pardonné mais je n’ai pas oublié. Mes fils ne méritent-ils pas d’emblée d’être accueillis dans le Royaume de Dieu ? Son Amour n’est-il pas inconditionnel ? Pourquoi les hommes mettent-ils autant d’efforts parfois pour que les choses ne se fassent pas ? J’ai dépassé ma rancœur puisque je suis partie à Lourdes avec sœur Brigitte-Espérance en 2016 et quand elle m’a proposé une préparation à la Confirmation, j’ai accepté. Nous avons alors effectué un parcours personnalisé et adapté à ma vie passée et à ma vie présente. Même si un sentiment d’injustice et de réserve subsistait, j‘ai répondu aux différents appels, or, je sais que d’autres personnes ne feraient pas preuve d’autant de persévérance ou de bonne volonté.

J’ai donc accepté de témoigner régulièrement lors des journées Ichtus pour des élèves de Seconde, je me suis mariée pour la première fois à l’église en octobre 2018 (le sérieux d’une préparation ne tient pas pour moi à sa durée ; le recteur de la cathédrale nous a fait confiance et en a été témoin – le choix ayant été déterminé par l’annonce de la maladie de ma mère qui est décédée en octobre dernier ; les problématiques personnelles et familiales doivent être prises en compte. Chaque cas doit être traité individuellement. Il y a tant de chemins différents…) puis mon mari et moi avons accepté de rejoindre les services du catéchuménat et du festival Art et Spiritualité. Nous servons également à chaque fois que nous le pouvons à l’Hospitalité de Champagne.


En 2019, nous avons pu vivre aussi la bénédiction de mon nouvel espace de travail, l’espace Eveil et Paix à Sainte-Savine dans lequel j’accueille au quotidien des personnes afin de les accompagner dans leur cheminement personnel. Enfin, j’ai rejoint le Chœur de la Cathédrale Saint-Pierre Saint-Paul, autre moyen de vivre et de célébrer le Beau, le Bon, le Bien !

Lors de notre préparation au mariage et des réunions du catéchuménat, nous avons pu rencontrer, Jean-Marc et moi, la difficulté de ne pas forcément être entendus ou reconnus dans notre différence : nous fonctionnons plus par réseau de connaissances que par pratique obligatoire. J’entends par là que nous sommes passés, pour notre mariage, par un prêtre que nous connaissions l’un et l’autre; cela a généré des quiproquos, des tensions entre les prêtres que nous n’aurions jamais imaginés : nous nous sommes sentis comme accusés de quelque chose (on ne sait pas trop de quoi, d’ailleurs) alors que nous n’avions pas du tout l’intention, bien évidemment, de mal faire… Méritions-nous ces regards réprobateurs, dubitatifs sur notre projet et la façon de le mener ?


À la manière d’enfants, nous ne comprenons pas toujours ces oppositions. Car, selon nous, la paroisse c’est l’Eglise composée de ses hommes et femmes religieux, des chrétiens et de ses édifices religieux. Et lorsque je m'exprime à ce sujet, je ne suis pas vraiment entendue. Nous allons à la messe en fonction des personnes que nous avons à y retrouver et partout en France (et même en Europe, dès que l’occasion se présente !). À chaque fois que nous allons dans un édifice religieux nous nous sentons dans notre paroisse (d’autant plus avec le travail que fait Jean-Marc : il fait en sorte que nos églises de l’Aube ne s’effondrent pas et restent les plus belles possibles). Or, nous avons senti des réticences, des jugements parfois à notre égard. Autant dire que nous ne nous sentons pas toujours bien accueillis ni toujours libres.


J’ai reçu aussi d’autres témoignages du même genre de personnes ayant rencontré des difficultés. Par exemple, très récemment, ma cousine a émis le souhait de se marier en septembre à l’église. Elle n’a pas reçu de nouvelles du prêtre et comme elle n’est pas baptisée, elle a abandonné. Or, son mari est baptisé et elle aimerait aussi faire baptiser ses jeunes enfants ? Encore deux sacrements qui n’auront peut-être pas lieu…

D’autres me livrent à bâtons rompus qu’ils souhaiteraient bien se marier à l’église mais comme ils sont divorcés… et là ils s’arrêtent et baissent la tête.


Je sais que l’on ne reçoit pas les Saints Sacrements comme on va au supermarché. Mais la société évoluant très rapidement, nous nous devons de répondre à ses besoins de foi, d’espérance (criants, me semble-t-il). Quel problème y a-t-il à désirer le Christ et à l’accueillir en quelques mois seulement ? Ne serait-ce pas le début d’une marche et non son aboutissement ? Le travail d’accompagnement ne mériterait-il pas d’être plus soutenu après qu’avant le sacrement ?

Portons un regard qui espère plutôt qu’un regard qui désespère… La confiance est à vivre, elle n’est pas à gagner !

On ressent parfois un regard de jugement, peut-être de méfiance voire de condescendance qui n’est pas recevable ainsi qu’une sorte d’infantilisation et parfois d’instrumentalisation. L’Eglise véhicule une image d’austérité et de rigidité qui, me semble-t-il, la dessert et la conduit au désert. Le regard et la parole tournés vers l’autre ne doivent-ils pas être en Christ? Dans le calme, la sincérité, la considération…

« L’amour sans vérité est une rivière sans eau. »

Cela vaut bien évidemment bien plus largement que pour l'Eglise.


Adaptons-nous : ne nous positionnons pas en « sachants » ou avec des automatismes néfastes, trop d’autorité. Les notions d’intention et de sens que nous donnons à nos pensées, à nos paroles et à nos actes sont primordiales. Nous avons tous à apprendre les uns des autres. Je trouve qu’on ne laisse pas assez entrer la « matière » des personnes que l'on rencontre. Pour que les personnes s’impliquent davantage, ne faut-il pas qu’elles sentent qu’elles auront leur pierre à apporter à l’édifice ?...

En tant qu’enseignante, formatrice et thérapeute, je sais qu’il ne s’agit pas de remplir un vase mais d’allumer un feu alors quand on trouve sur notre chemin un début de flammette, à nous d’apporter le souffle pour l’attiser avec douceur, bienveillance, non-jugement. Ainsi, elles pourront à leur tour amener leur témoignage puis accueillir et accompagner de nouvelles âmes : n’est-ce pas la force de l’Eglise ?

Comme l’a dit notre évêque, ce n’est pas parce l’on ne les voit pas que les choses ne se font pas ou n’ont pas lieu ! Attention aux apparences…


Enfin le rapport au temps et à la communication doivent changer. Le temps d’avant n’est plus le temps d’aujourd’hui… La société est toujours tellement dans la course à l’AVOIR ou au FAIRE… ici, nous pouvons proposer un temps de rencontres pendant lequel il y aura du temps pour RIEN, car l’on sait bien que c’est là que TOUT arrive grâce à l’Esprit Saint.

Le sujet de la communication est tellement important pour notre avenir. En effet, elle traverse le temps, parcourt l’espace et elle passe irrémédiablement aujourd’hui par internet et les réseaux sociaux. J’ai pu assister à une homélie cette année pendant laquelle le prêtre portait un jugement très négatif sur le téléphone portable et ces réseaux alors que, s’ils sont bien employés, ils portent bien leur nom car ce sont de formidables outils de liaison, des créateurs de lien et ils se sont révélés très importants pendant le confinement ! Pourquoi diaboliser la technologie ? Imaginez les jeunes de l’assemblée pour lesquels c’est leur quotidien… comment ont-ils reçus ce message sans se sentir juger, coupables ? Evidemment, c’est bien l’homme qui doit utiliser la machine et non l’inverse ; c’est peut-être de cette crainte dont qu’il était question mais nous ne devons pas participer à la peur et bien au contraire nous concentrer à la création et au tissage de liens avec un amour et une considération authentiques.


L’Homme est une créature divine qui ne demande qu’à s’exprimer. Les cœurs parlent d’eux-mêmes ; il faut les écouter ! Ainsi, la collaboration, le partage ne pourront être vécus seulement si l’on nous accorde notre juste place ; or, la confiance ne semble pas accordée d’emblée… Si des personnes émettent un désir, nous offrent de leur temps, alors donnons-leur une place de choix.

Les personnes qui me connaissent savent que je n’ai rien de présomptueux et que je suis une personne riche de mon parcours personnel et professionnel, comme chacun d’entre nous d’ailleurs, mais à l’image de mes fils, j’ai l’impression qu’on nous dit « qu’être ce que vous êtes ne suffit pas… il faut 3 ans de préparation… il faut être formée… ». Le Christ n’accordait-il pas sa confiance, son regard qui espère et son amour d’emblée ?


Christelle V.S.Marande

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