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Plongée en moi-même : récit d'une semaine en silence (printemps 2018)




Après une pratique autodidacte de méditation et de pleine conscience d’environ 4 ans (notamment en suivant les vidéos « Les antisèches du bonheur » de Jonathan Lehmman) ainsi qu’un parcours MBCT chez une psychologue agréée par l’association Cogito’z créée par Jeanne Siaud-Facchin spécialisée dans le HPI, j’ai décidé d’expérimenter le voie orientale de la méditation : je suis partie dans les Alpes de Haute Provence à la rencontre du silence.


Plongée en moi-même.


Le cadre : Domaine de La Chapelle vers Sigonce-Forcalquier, endroit isolé, loin de l’agitation, du bruit, du monde urbain


Au programme : méditation Vipassana et enseignements – silence – marche – yoga organisé par l’association Vimalkirti avec les enseignants Patricia et Charles Genoud


L’assise : posture et respiration

Prise de marques - quelle est la meilleure posture pour l’immobilité physique, le silence intérieur ? Jusqu’alors je pratiquais chez moi le plus souvent en position allongée car plus facile (malgré les contre-indications) ou assise en tailleur sur un coussin de méditation en demi-lune ou encore assise sur une chaise en cabinet comme l’école de la méditation le préconise (tout au moins au début). Ici, le temps de méditation devenant plus long (jusqu’à 45 minutes plusieurs fois par jour) ce sera à califourchon sur mon coussin en demi-lune.


Bien s’ancrer dans le sol (comme pour la marche) : tout le poids doit être dans les pieds, ou le bas du corps. Il faut relâcher tout le reste. Je me rends compte que mon corps utilise beaucoup d’énergie et se crispe, se bloque au niveau du haut du dos et des épaules, comme si au quotidien je m’efforçais de tenir en lévitation (les douleurs s’accumulant ainsi dans le haut du corps ; il ne veut/sait pas se relâcher ; il a oublié sa propre pesanteur et son propre confort).


Pendant la méditation et la marche, j’ai ressenti une gêne au niveau des hanches. Petit à petit, il faut que j’expérimente la loi de la pesanteur sur mon propre corps pour gagner en stabilité et pour libérer les résistances, notamment au niveau du dos. Il s’agit là du même enseignement que pour les arts martiaux avec notamment l’apprentissage de la chute qui est naturelle lorsque nous sommes jeunes puis qui disparaît en grandissant, certainement par peur de se faire mal.

Points d’ancrage : respiration dans l’abdomen, la poitrine ou le nez, tout le corps, ou les bruits.


Apprentissage de la respiration : le corps se gonfle vers l’extérieur lors de l’inspiration et est ramené vers l’intérieur lors de l’expiration (ce n’était pas clair pour moi car ni évident ni naturel, j’avais perdu cette notion de base si facile pour les bébés). C’est une forme de rééducation respiratoire que je vis alors. Le même constat sera fait et l’expérience vécue lors de l’exercice de la fleur pendant les exercices de yoga.


Pendant la méditation assise, nous faisons l’expérience du corps, du tangible. Je constate des maux de dos, prends conscience de ma déglutition, ai envie de me gratter.

Peuvent naître l’impatience (en lien avec mon habitude à anticiper), la somnolence.


À mi-retraite, après des maux de dos, des picotements, des maux de tête, la posture assise est de plus en plus facile à tenir, l’attention à avoir et j’ai comme l’impression de « planer » (peut-être en raison d’une hyperventilation lors des exercices de yoga).




Qu’est-ce que méditer ?

Méditer ce n’est pas chercher le calme à l’extérieur ou les moments positifs (en éliminant le négatif), c’est faire l’expérience de tous les moments. Il ne s’agit pas de vouloir changer l’extérieur.


Il existe 2 niveaux de conscience :

- l’attention, la capacité à se concentrer sur un sujet, un objet.

- la pleine conscience en présence : s’observer en train de vivre l’expérience.


C. Jung a dit que la conscience du monde n’est qu’à ses débuts, ses prémices.

L’attention est utilisée pour la connaissance du monde : de soi vers l’extérieur (volonté de faire – question de l’utilité).

La présence ou pleine conscience a pour but d’être, de vivre l’expérience.

La méditation c’est aller à la connaissance de soi.

Il ne s’agit pas de vouloir changer ou de modifier les choses, ni même de les améliorer ou de vouloir passer d’une expérience à une autre.


Il n’y a pas de fin en soi, pas d’objectif à atteindre. C’est un processus qui nous invite à la découverte de nous-même.

La pleine conscience c’est trouver sa liberté à l’intérieur de soi sans agir sur ce qui se passe à l’extérieur.


Quand on voit un chat, le chat n’existe que parce que nous en sommes l’observateur. Il ne faut pas avoir « l’intention de » mais laisser les choses venir d’elles-mêmes : intention de regarder (soif de découvertes, d’expériences) ≠ se laisser surprendre par (intérêt ≠ curiosité).

Quand on observe, il s’agit de regarder loin à l’horizon (pas un point particulier mais embrasser toute la ligne d’une seule fois). Même enseignement dans les arts martiaux (regard périphérique).


La pleine conscience c’est être dans le présent.

Faire l’expérience c’est se demander : « c’est comment ? » Puis observer avec curiosité, sans jugement. (Pratique similaire dans le parcours MBCT).

La méditation est un processus, comme un mouvement avec plusieurs courants, bons ou moins bons (en MBCT, on apprend à identifier ce qui agréable, désagréable ou neutre).


C’est la vie avec toutes ses conditions.

Croire que ce sera un jour parfait, c’est se créer des problèmes inutiles.

La méditation c’est être plus libre, plus spacieux, plus disponible au contact de ce qui émerge, ce qui est.

La souffrance provient du conditionnement, et c’est dans ce conditionnement qu’on peut y voir plus clair.


Consentir – se disposer – accueillir – accepter – aller à la rencontre de nous-même, de la nature, de son voisin ; c’est être au contact de la vie.

Quand ça coince que se passe—il ? Il n’y a pas besoin de trouver des combines, ou de complexifier la situation. Progressivement, on comprend que l’on peut faire des choix avec la vie telle qu’elle se présente : élévation d’un potentiel. Les expériences sont ce qu’elles sont.


Trois types de résistance :

- Vouloir conserver, s’attacher à ce qui est plaisant (l’agréable)

- Se débarrasser, l’aversion de ce qui est déplaisant (le désagréable)

- La confusion, on brode une histoire à propos de l’expérience, on élabore (je ne sais pas donc je me raconte une histoire)


Il n’y a pas tant à faire pour changer, il n’y a qu’à éclairer.

Sans s’en rendre compte, on nourrit ces expériences.

Registre des possibles.

5 sens + émotions + pensées

3 dimensions ou types de ressentis, tonalités, saveurs de l’expérience : agréable, désagréable, neutre (je ne sais pas, ce n’est pas intense).

L’attention présente nous permet de voir plus clair.

On a tendance à réagir avant de prendre contact avec l’expérience.

Ne pas s’agripper mais s’ouvrir. Si on laisse de l’amplitude, ce n’est pas figé. Ça bouge, ça se transforme, c’est vivant.


C’est la réceptivité qui vient à la place de la réactivité.

Il faut rencontrer ces résistances car elles sont automatiques. La méditation permet de briser cette chaîne de résistances vécues d’instant en instant.

Sortir des automatismes.


En étant présent, conscient, on reconnaît : « ah bah oui c’est ça qui se passe ».

Comparaison avec la météo : elle change tout le temps.

Nous non plus nous n’avons pas à être au top.

C’est une qualité de rencontre, d’instant en instant.


Qu’est-ce qui se passe ? Victor Frankl : entre le stimulus et la réponse, il y a un espace. C’est dans cet espace que se trouve notre liberté afin de choisir la réponse.

On n’est pas moins exigeant ensuite mais on a le sentiment d’avoir plus d’espace, on est moins enfermé ; on gagne en amplitude, en largesse.


La conscience

1 : c’est reconnaître

2 : c’est accepter - c’est comme ça et c’est ok (même chose en MBCT)

On peut alors cultiver le laisser-être. On est dans la créativité et l’énergie.

À la différence du laisser-faire qui est de la résignation et du lâcher-prise : c’est le fruit qui tombe de l’arbre quand c’est mûr.


C’est un apprentissage qui demande du temps et de la pratique.

Nourriture par la lecture et par la réflexion et la présence intuitive ; c’est ce que l’on développe en méditant.

On est beaucoup porté sur le fait d’avoir des expériences et des bonnes

Utilisons notre curiosité pour aller à la rencontre de nos pensées : ce sont les histoires que l’on se raconte (prolifération mentale).


Remplacer la question du « Pourquoi » par le « Comment ».

On vit quelque chose et on commente, analyse ce qu’on a appris.

Au contact du sensible, on ajoute quelque chose.





Les pensées

C’est naturel : comme le corps respire, l’esprit pense. (C’est une phrase qui m’a beaucoup déculpabilisée car en bonne HPI, on m’avait tant répété « tu penses trop, arrête de réfléchir » et comme je n’y arrivais pas je culpabilisais !).


Quel monde voulons-nous créer ?

Monde des idées – qu’est-ce qui émerge ?

Le caillou a un poids. La pensée du caillou n’en a pas.

J’ai soif. La pensée du verre d’eau n’étanche pas ma soif.


Il y a besoin de voir les pensées. C’est le voile de la confusion qui se lève.

Percevoir une pensée comme une pensée.


Ce monde des pensées est très créatif mais peut créer de la confusion.

La pensée est aussi transitoire.

Si elle a du poids c’est parce qu’on s’y agrippe ou alors on n’en veut surtout pas.

Présence aux sons : audition.


Présence aux idées : conscience.


Méditer c’est reconnaître les pensées lorsqu’elles émergent.

Pourquoi voudrait-on arrêter ces pensées ?

Les pensées sont naturelles et ce sont des manifestations temporaires à même titre que les sons et les émotions.


Dimension du contenu, de la substance de ces pensées.


Deux attitudes habituelles

- Être noyé dans le flot de ses pensées

- Les mettre à distance, les bloquer


La 3e consiste à les reconnaître.


Pensées discursives, obsédantes : liées à une émotion : aller voir ce qu’il y a dans cette émotion.

On peut choisir de réfléchir : c’est ok, je m’autorise à réfléchir.

Liens entre le sensible (le physique), l’émotionnel et le cognitif.

C’est l’extraordinaire dans l’ordinaire.

C’est la simplicité primordiale.

L’éveil c’est la simplicité naturelle de la conscience.


Rien ne sert donc de bloquer ou de craindre les pensées ; c’est ok.

Esprit zen, esprit neuf.

Le secret et ce que vous verrez c’est qu’elles cessent d’elles-mêmes.

C’est nous qui leur donnons tout leur poids.

Domaine riche et complexe.

Etiquetage mental.


Pourquoi et comment méditer ?

Nous méditons pour ne pas saisir.

Nous méditons sur tout ce qui surgit.

Il s’agit de sensibilité, de réceptivité.

Il n’y a pas à provoquer ces expériences.


Les émotions

Il ne s’agit pas de chercher un lieu où l’on est sûr de ne pas ressentir d’émotions et d’expériences désagréables mais de trouver la liberté dans n’importe quelle émotion ou expérience.

Les émotions sont des états mentaux qui perturbent l’esprit.


Comme les pensées, les émotions sont naturelles.


Acquiescement à la vie.


Nietzsche apprécie la richesse de sa vie même dans ce qu’elle représente de difficultés car ces dernières lui ont permis d’approfondir le sens de sa vie.

Les émotions quand elles surgissent sont elles aussi l’opportunité d’approfondir ce chemin spirituel et de nous libérer.</